Gore-Tex Transalpine-Run 2018, récit de course

OUTDOOR Gore-Tex Transalpine-Run 2018, récit de course

Commentaires (2) OUTDOOR Olivier Pineda

Le moment tant attendu est enfin arrivé. L’évènement sportif que l’on prépare depuis le début de l’année avec Gil, a fini par pointer le bout de son nez. Je veux parler de la Gore-Tex Transalpine-Run. Après l’Ecotrail de Paris en mars, La Salomon Gore-Tex Maxi-Race d’Annecy en mai et le Odlo High Trail Vanoise en juillet, sans oublier toutes les séances d’entrainement cet été, nous sommes prêts à en découdre sur ce trail de folie !

Nous sommes le samedi 1er septembre, il est 5h30 et le réveil sonne. Un peu tôt pour un samedi, pourtant ça fait déjà une bonne demi-heure que je suis réveillé. 30 minutes plus tard, direction l’aéroport Charles de Gaulle où je retrouve Gil, pour embarquer pour Munich et rejoindre Garmisch, point de départ de la TAR, comme on l’appelle ici.

C’est sous la pluie que nous récupérons nos dossards. À priori, il en sera de même demain au départ. Mais en attendant, ce soir c’est la traditionnelle Pasta Party d’avant course avec tous les autres coureurs venus du monde entier. Après un bon repas et une présentation de la topo de la course du lendemain par le directeur de TAR, il est temps de prendre congé et d’aller préparer son matériel pour demain.

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Gore-Tex TransalpineRun 2018

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Au fur et à mesure que l’on fait l’inventaire de nos affaires, l’excitation et l’appréhension montent de plus en plus. Après avoir étudié une dernière fois la topo de chacune des étapes qui nous attendent, avec Gil, on se dit que la véritable difficulté sera finalement d’enchainer les 7. La récupération jouera un rôle essentiel dans la réussite de la course dans son intégralité. Derniers échanges de tips avec nos partenaires de chambre, Guillaume Peretti et Vincent Viet qui courront ensemble cette 14e édition de la Gore-Tex Transalpine Run, il est temps de se coucher.

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Gore-Tex TransalpineRun 2018

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Dimanche, 6h. Ça pique un peu les yeux mais très vite l’adrénaline monte, et nous sommes sur la ligne de départ comme deux gamins devant le sapin un soir de noël. L’objectif pour cette course, et comme pour toutes les autres d’ailleurs, ne sera pas de « performer » mais simplement d’être « finisher ». Et honnêtement, ce n’est pas gagné. Il va quand même falloir encaisser en 7 étapes pas moins de 257 km / 16000 mD+ ! Mais chaque chose en son temps. Prenons les choses, les unes après les autres. Et concentrons-nous déjà sur cette première étape.

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Le coup d’envoi de la première étape et de cette semaine de folie va d’être donné dans quelques secondes. Plus de 300 équipes de 40 pays différents s’élancent pour ces 43 premiers kilomètres et 2400 mD+ soit 4h/4h30 pour l’élite et jusqu’à 10h pour les derniers. Le temps reste un peu bouché mais les premiers paysages sont déjà magnifiques. 3… 2… 1… Go ! J’enclenche ma Gamin Fénix 3. C’est parti !

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C’est la première étape, nous sommes frais. Tout se passe à merveille. Les décors sont magnifiques, l’ambiance est top et le moral au beau fixe. Après un peu plus de 7h30 de course, nous passons la ligne d’arrivée avec une certaine fierté même si l’on sait que ce n’est que la première étape et que le chemin est encore long.

Quelques heures plus tard, comme après chaque course que l’on peut faire, on commence déjà à sentir les prémisses des courbatures arriver. Normal. Massage à l’huile d’Arnica, boisson de récup Overstims et on croise les doigts. Heureusement demain, c’est une « petite » étape, 28 km / 1600 mD+…

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Ce qui fait aussi la particularité de cette course, c’est l’ambiance d’après course. Alors que d’habitude, après la course, on pli bagages pour rentrer se reposer. Ici, tout le monde se retrouve pour une nouvelle Pasta Party. Un moment de convivialité et d’échanges, où l’on partage nos expériences de course, les moments difficiles, les paysages magnifiques, la gentillesse des bénévoles… tout y passe.

Ensuite, c’est le moment “émotion” : la projection des photos prises par les photographes officiels pendant la course, suivie d’une vidéo. Ensuite le directeur de course prend la parole et nous brief sur la course de demain. Finalement, la « petite » étape n’a pas l’air si simple que ça.

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8h. Départ. Malgré un ciel toujours un peu couvert la deuxième étape se passe bien. On sent le poids de la première course dans les jambes mais rien de bien méchant. Bien que Gil envoie un peu dans les montés, et que je le rattrape dans les descentes, on est sur le même rythme et on profite de la course ensemble et ça c’est top ! On est contents d’être là. La ligne d’arrivée approche. Finisher ! Et de 2 !

Demain c’est 53 km / 3200 mD+ qui nous attendent et comme on s’y attendait les courbatures sont, elles aussi, au rendez-vous. C’est là qu’il faudra être fort et qu’il faudra se serrer les coudes. Car demain, ça va être dur et le soutien de son partenaire n’aura pas de prix dans les moments difficiles et les doutes.

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7h. Les nuits courtes commencent elles aussi à peser. Et comme on s’y attendait, ça se complique. La course semble interminable. Par chance, avec Gil nous n’avons pas les coups de mou au même moment, ce qui nous permet de nous soutenir plus facilement. La course n’est pas finie que je me demande déjà comment je vais pouvoir faire celle de demain. Très mauvaise idée. Il faut que je me remobilise. Il faut rester concentré et finir cette étape. Le reste, on verra plus tard. Exténués, on franchira la ligne d’arrivée après plus de 10h de course. Au bout de 3 jours, les douleurs et les courbatures sont à leur maximum. Et la nuit sera courte et difficile…

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Pasta Party. Photos. Vidéos. Topo de course. 8h. Ligne de départ. Trail. On se croirait dans le film, “Un jour sans fin” avec Bill Murray, où chaque jour qui passe recommence indéfiniment. Et pourtant, que ce soit la topo de la course ou les paysages : chaque jour est unique, différent et inoubliable. Cette 4e étape, parait simple… Enfin, c’est ce que l’on se dit parce qu’elle ne fait “que” 28 km / 2300 mD+. Ou plutôt, c’est ce que l’on essaie de croire, car, au fond de nous, on sait que chaque jour est de plus en plus dur. Le départ a été dur. On sent que cette journée est charnière.

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Mais là… Coup dur ! Gil a très mal aux genoux et se voit contraint d’abandonner. Les descentes très techniques auront eu raison de ses articulations. On en discute, on étudie le profil de la course, mais avec les montés et descentes à venir, il est plus sage d’arrêter. C’est avec le cœur lourd que je repars seul. Fin de course en demi-teinte, les paysages sont grandioses avec des passages sur neige et la vue sur un magnifique glacier, mais personne avec qui partager… Tristesse.

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À partir de ce moment, nous sommes, en tant que team, éliminés mais on apprend que j’ai toujours la possibilité de prendre le départ et de tenter de finir seul. Après réflexion et discussion avec Gil, Guillaume et Vincent, je décide de continuer. Encore 3 étapes qui donneront chacune le sentiment d’être plus dure les unes que les autres. Courir seul me laisse un goût amer dans la bouche.

Heureusement, bien que les départs soient de plus en plus difficile, Gil est là pour me remonter le moral car le départ de la 5e étape est un calvaire. Je suis tellement fatigué que je n’ai même plus la force d’aller courir pour m’échauffer. Le départ est donné, je pars doucement mais surement. Les kilomètres défilent pas très vite, mais défilent quand même. Concentré, je m’alimente et je bois régulièrement. Un dernier Boost de Stimium et je ne sais même pas comment mais je réussi à passer la ligne d’arrivée. Et une de plus !

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8h. Ligne de départ. Pourquoi ? Pourquoi s’être inscrit à cette course ? Pourquoi 7 trails de suite alors que je sais qu’un c’est déjà beaucoup. Je vais avoir toute la journée pour essayer de trouver une réponse, car avec 36 km / 2524 mD+, je vais avoir un peu de temps devant moi… Temps estimé, 8h de course. C’est ça, je devrais avoir le temps. Mais il n’aura fallu finalement que quelques kilomètres de paysages magnifiques, pour trouver la réponse. Après avoir trouvé des ressources… je ne sais pas où ni comment, je passe la ligne d’arrivée ! Finisher 6/7 !

Samedi 8 septembre. 8h. C’est la dernière course. J’y suis presque. Mais je me sens fatigué, lessivé. J’ai le sentiment de ne plus avoir de jus du tout. La journée va être longue, très longue. Nous sommes de moins en moins nombreux dans le sas de départ. Beaucoup d’abandons, de duos brisés comme nous. Gil est là au départ pour me rebooster une dernière fois. Et c’est parti ! Exténué mais motivé, à moins d’une grosse blessure, je serai finisher ! Il est hors de question d’abandonner maintenant, si près du but. Coûte que coûte, quelque soit le temps que je mettrai, je finirai.

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Gore-Tex TransalpineRun 2018

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Il n’y a qu’à se dire que les douleurs ne sont plus là. C’est dans la tête tout ça. Bon, pour être honnête, ça ne marche pas très bien ce genre de truc là, mais on s’accroche à ce que l’on peut dans ces moments là. J’ai tellement mal partout, que j’ai l’impression que tout mon corps est engourdi. Et puis, bizarrement, au fil des kilomètres, j’ai l’impression de retrouver mes jambes, que les douleurs ont complètements disparu. Et savoir que je ne suis plus qu’à une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, me redonne du jus. J’ai le sentiment que plus rien ne peut m’arrêter. Je prends réellement conscience de ce que veut dire « finir au mental ! »

Ça y est, un peu plus de 6h plus tard, je passe la ligne d’arrivée pour une 7e fois. Je suis finisher ! De cette 7e étape, oui mais surtout de la Gore-Tex Transalpine-Run 2018 ! Délivrance !

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Ce fût bien plus qu’une course, une véritable aventure. Malgré la blessure de Gil, nous avons passé une semaine magnifique pleine d’émotions et de partages. Une expérience humaine forte dans les bons comme dans les moments difficiles. Je suis très fier de moi. Merci Gil pour ton soutien tout au long de la course.

Et un grand bravo aux copains, Guillaume et Vincent qui finissent 6 fois sur 7 sur le podium et surtout qui finissent 3e au classement général. Une performance incroyable au vu de la difficulté de la course. Bravo les gars !

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Gore-Tex TransalpineRun 2018

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Un grand merci à Gore-Tex de nous avoir permis de relever ce défi, à Gore Wear de nous avoir équipés en textile, à La Sportiva pour les chaussures et Au Vieux Campeur pour le reste de l’équipement (sac d’hydratation, bâtons, frontale…). Merci à tous pour votre soutien dans cette aventure que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Sans oublier Overtims, Stimium et Garmin.

Gore-Tex TransalpineRun 2018

2 réponse à Gore-Tex Transalpine-Run 2018, récit de course

  1. Laponico dit :

    Bravo, ça avait l’air top !!! Bon après faut pouvoir enchaîner les 7 jours, chaud quand même…
    Tu pourras faire le Tor l’année prochaine 😀

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