C’est Martin Scorsese himself qui nous accueille à l’entrée de l’exposition que lui consacre, depuis le 14 octobre, la Cinémathèque française. Plus précisément son portrait placé au centre d’un mur noir qui nous conduit dans une première salle de cinéma. Sur l’écran sont projetées des images des films du maître, dans un montage qui en ferait presque des objets abstraits. Cette étape marque l’entrée dans la première partie de l’expo, consacrée aux thèmes principaux des films de Scorsese : la famille, la fratrie, la mafia, New York, la religion… On y retrouve évoquée une grande partie des films qu’on aime, Taxi Driver, Mean Streets, Les Affranchis, Gangs of New York, la Dernière Tentation du Christ, Le Temps de l’innocence ou encore Aviator.
Des photos de repérages, des scénarios annotés, des plans de ville, des storyboards, des clichés pris lors de tournages : le visiteur peut facilement s’immerger dans la tête du cinéaste, de la préparation du projet à la création des costumes, de la réalisation du film à la projection publique. Le tout est présenté de façon critique et pédagogique, et ravira autant l’étudiant en cinéma que le fan de la première heure, le novice qui a découvert Scorsese avec le Loup de Wall Street et le cinéphile éclairé qui s’intéresse aussi au Nouvel Hollywood des années 70 et pour qui Martin Scorsese est sans conteste l’un des cinéastes actuels les plus importants.
Cette première partie s’achève dans une nouvelle salle de cinéma, qui projette un court métrage réalisé pour une marque d’alcool, dans lequel Martin Scorsese, non sans humour, se met en scène en pleine réalisation d’un scénario d’Alfred Hitchcock, à la façon d’Alfred Hitchcock. Hommage au maître du suspens, qui ouvre la seconde partie de l’exposition. Celle-ci nous plonge dans la cinéphilie d’un homme qui a toujours attaché autant d’importance au cinéma comme art que comme technique. Il y est question de prise de vue, de mixage du son, de photographie, de création de générique, et c’est tout aussi passionnant. L’exposition s’achève sur des lettres de personnalités du septième art que Scorsese tout jeune cinéaste avait rassemblées pour protester contre la mauvaise qualité des pellicules dans les années 70. Et nous, de rembobiner : le parcours scénographique prend finalement tout son sens, et nous a permis de passer, au sens propre comme au sens figuré, de l’autre côté du miroir, à travers l’écran, pour saisir un peu mieux l’essence des films d’un cinéaste devenu mythique.
Avant de sortir du lieu, la boutique, qui propose catalogue, affiches et dvd, est là pour nous ramener à la réalité, et nous rappeler un peu brutalement que le cinéma, c’est aussi une question d’argent. Et nous de rêver, sur le chemin du retour, au prochain film de Martin Scorsese qui, forcément, sera un chef d’oeuvre… En attendant, on a jusqu’au 14 février 2016 pour retourner à la Cinémathèque française se plonger dans les images, les références, les obsessions d’un cinéaste qui aura énormément compté dans nos vies de spectateurs.